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– Si Monsieur tenait à me voir, il n’avait qu’à venir sur la ferme. Ce n’est parbleu ni des bois ni de la nuit que j’ai affaire.

– Ah ! ton père t’a raconté…

– Mon père ne m’a rien raconté parce que mon père ne sait rien. Qu’a-t-il besoin d’apprendre, à son âge, que son maître se fiche de lui ?

– Attention, Charles ! tu vas trop loin…

– Oh ! parbleu, vous êtes le maître ! et vous faites ce qui vous plaît.

– Charles, tu sais parfaitement que je ne me suis moqué de personne, et si je fais ce qui me plaît c’est que cela ne nuit qu’à moi.

Il eut un léger haussement d’épaules.

– Comment voulez-vous qu’on défende vos intérêts, quand vous les attaquez vous-même ? Vous ne pouvez protéger à la fois le garde et le braconnier.

– Pourquoi ?

– Parce qu’alors… ah ! tenez, Monsieur, tout cela, c’est trop malin pour moi, et sim-