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se succédèrent les semaines. – Pourtant un petit fait que je veux vous redire :

C’est un matin, peu de temps après l’embolie ; je suis auprès de Marceline ; elle semble aller un peu mieux, mais la plus grande immobilité lui est encore prescrite ; elle ne doit même pas remuer les bras. Je me penche pour la faire boire, et lorsqu’elle a bu et que je suis encore penché près d’elle, d’une voix que son trouble rend plus faible encore, elle me prie d’ouvrir un coffret que son regard me désigne ; il est là, sur la table ; je l’ouvre ; il est plein de rubans, de chiffons, de petits bijoux sans valeur ; – que veut-elle ? J’apporte près du lit la boîte ; je sors un à un chaque objet. Est-ce ceci ? cela ?… non ; pas encore ; et je la sens qui s’inquiète un peu. – Ah ! Marceline ! c’est ce petit chapelet que tu veux ! – Elle s’efforce de sourire.

– Tu crains donc que je ne te soigne pas assez ?

– Oh ! mon ami ! murmure-t-elle. – Et