Page:Gide - L’Immoraliste.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Je restai quelque temps sans le revoir.


De nouveaux soins, de nouveaux soucis m’occupèrent ; un savant italien me signala des documents nouveaux qu’il mit au jour et que j’étudiai longuement pour mon cours. Sentir ma première leçon mal comprise avait éperonné mon désir d’éclairer différemment et plus puissamment les suivantes ; je fus par là porté à poser en doctrine ce que je n’avais fait d’abord que hasarder à titre d’ingénieuse hypothèse. Combien d’affirmateurs doivent leur force à cette chance de n’avoir pas été compris à demi-mot ! Pour moi je ne peux discerner, je l’avoue, la part d’entêtement qui peut-être vint se mêler au besoin d’affirmation naturelle. Ce que j’avais de neuf à dire me parut d’autant plus urgent que j’avais plus de mal à le dire, et surtout à le faire entendre.

Mais combien les phrases, hélas ! devenaient pâles près des actes ! La vie, le moindre geste de Ménalque n’était-il pas plus élo-