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Je sentis que je rougissais.

– Qu’avez-vous donc appris sur moi, Ménalque ?

– Vous voulez le savoir ? Mais n’ayez donc pas peur ! Vous connaissez assez vos amis et les miens pour savoir que je ne peux parler de vous à personne. Vous avez vu si votre cours était compris ?

– Mais, dis-je avec une légère impatience, rien ne me montre encore que je puisse vous parler plus qu’aux autres. Allons ! qu’est-ce que vous avez appris sur moi.

– D’abord, vous aviez été malade.

– Mais cela n’a rien de…

– Oh ! c’est déjà très important. Puis on m’a dit que vous sortiez volontiers seul, sans livre (et c’est là que j’ai commencé d’admirer), ou, lorsque vous n’étiez plus seul, accompagné moins volontiers de votre femme que d’enfants… Ne rougissez donc pas, ou je ne vous dis pas la suite.

– Racontez sans me regarder.

– Un des enfants – il avait nom Moktir