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plus mon corps ; et, dans la mort affreuse d’Athalaric, je me persuadais de mon mieux qu’il fallait lire une leçon.

Avant Ravenne, où nous nous attarderions donc quinze jours, nous verrions rapidement Rome et Florence, puis, laissant Venise et Vérone, brusquerions la fin du voyage pour ne nous arrêter qu’à Paris. Je trouvais un plaisir tout neuf à parler d’avenir avec Marceline ; une certaine indécision restait encore au sujet de l’emploi de l’été ; las de voyages l’un et l’autre, nous voulions ne pas repartir ; je souhaitais pour mes études la plus grande tranquillité ; et nous pensâmes à une propriété de rapport entre Lisieux et Pont-L’Évêque, en la plus verte Normandie, — propriété que possédait jadis ma mère, où j’avais avec elle passé quelques étés de mon enfance, mais où depuis sa mort je n’étais pas retourné. Mon père en avait confié l’entretien et la surveillance à un garde, âgé maintenant, qui touchait pour lui puis nous envoyait régulièrement les fer-