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ISABELLE

de saison pour mal faire ". J’ai horreur des bougons sentencieux…

L’enfant me précéda, portant la gerbe. En passant dans le vestibule je m’étais emparé d’un vase…

Dans la chambre régnait une paix religieuse ; les volets étaient clos ; près du lit enfoncé dans une alcôve, un prie-Dieu d’acajou et de velours grenat au pied d’un petit crucifix d’ivoire et d’ébène ; contre le crucifix, le cachant à demi, un mince rameau de buis suspendu à une faveur rose et maintenu sous un bras de la croix. Le recueillement de l’heure appelait la prière ; j’oubliais ce que j’étais venu faire et la vaine curiosité qui m’avait attiré en ce lieu ; je laissais Casimir apprêter à son gré les fleurs sur une commode, et je ne regardais plus rien dans la chambre : C’est ici, dans ce grand lit, pensais-je, que la bonne vieille Floche achèvera bientôt de s’éteindre, à l’abri des souffles de la vie… Ô barques qui souhaitez la tempête ! que tranquille est ce port !