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ISABELLE

levés de table avant que Delphine n’eût apporté à Madame Floche le maigre paquet de lettres et d’imprimés qu’elle distribuait aux convives. Par malheur il arriva que ce jour-là l’abbé Santal était convié à déjeuner par le doyen de Pont-l’Évêque ; vers onze heures il vint prendre congé de M. Floche et de moi qui ne m’avisai pas aussitôt qu’il me soufflait ainsi cheval et carriole.

Au déjeuner je jouai donc la petite comédie que j’avais préméditée :

— Allons bon ! Quel ennui !… murmurai-je en ouvrant une des enveloppes que m’avait tendues Madame Floche ; et comme, par discrétion, aucun de mes hôtes ne relevait mon exclamation, je repris de plus belle : Quel contretemps ! en jouant la surprise et la déconvenue, tandis que mes yeux parcouraient un anodin billet. Enfin Madame Floche se hasarda à me demander d’une voix timide :

— Quelque fâcheuse nouvelle, cher Monsieur ?