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ISABELLE

venir fumer une cigarette à quelques pas du salon, dans une sorte de hangar vitré que l’on appelait un peu pompeusement : l’orangerie, où l’on avait rentré pour la mauvaise saison les quelques bancs et chaises du jardin.

— Mais, cher Monsieur, dit-il, lorsqu’un peu nerveusement j’abordai la question de l’éducation de l’enfant, — je n’aurais pas demandé mieux que d’éclairer Casimir de toutes mes faibles lumières ; ce n’est pas sans regrets que j’ai dû y renoncer. Est-ce que, claudicant comme il est, vous m’approuveriez si j’allais me mettre en tête de le faire danser sur la corde roide ? J’ai vite dû rétrécir mes visées. S’il s’occupe avec moi d’Averrhoès, c’est parce que je me suis chargé d’un travail sur la philosophie d’Aristote et que, plutôt que d’ânonner avec l’enfant sur je ne sais quels rudiments, j’ai pris quelque plaisir de cœur à l’entraîner dans mon travail. Autant ce sujet-là qu’un autre ; l’important c’est d’occuper Casimir trois ou quatre heures par jour ;