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ISABELLE

on sourit volontiers à tout ce qui promet quelque survie.

Je crus malséant de surenchérir à mon tour.

— À présent, reprit-il, vous allez prendre possession de la bibliothèque, et vous ne vous souviendrez de ma présence que si vous avez quelque renseignement à me demander. Emportez les papiers qu’il vous faut… Au revoir !… et comme en descendant les trois marches, je retournais vers lui mon sourire, il agita sa main devant ses yeux : — À tantôt !

J’emportai dans la grande pièce les quelques papiers qui devaient faire l’objet de mon premier travail. Sans m’écarter de la table devant laquelle j’étais assis, je pouvais distinguer Monsieur Floche dans sa portioncule : il s’agita quelques instants ; ouvrant et refermant des tiroirs, sortant des papiers, les rentrant, faisant mine d’homme affairé… Je soupçonnais en vérité qu’il était fort troublé, sinon gêné par ma présence et que, dans cette vie si