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ISABELLE

tenez, pour que nous ne nous dérangions pas, nous pourrons baisser le rideau.

— Oh ! pas pour moi, protestai-je ; jusqu’à présent, si pour travailler j’avais eu besoin de solitude, je ne…

— Eh bien ! reprit-il en m’interrompant, nous le laisserons donc relevé. J’aurai, pour ma part, grand plaisir à vous apercevoir du coin de l’œil. (Et, de fait, les jours suivants, je ne levais point la tête de dessus mon travail sans rencontrer le regard du bonhomme, qui me souriait en hochant la tête, ou qui, vite, par crainte de m’importuner, détournait les yeux et feignait d’être plongé dans sa lecture.)

Il s’occupa tout aussitôt de mettre à ma facile disposition les livres et les manuscrits qui pouvaient m’intéresser ; la plupart se trouvaient serrés dans le cartonnier de la petite pièce ; leur nombre et leur importance dépassait tout ce que m’avait annoncé M. Desnos ; il m’allait falloir au moins une semaine pour relever les précieuses indications que j’y trouverais. Enfin