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ISABELLE

mais vous vous aviseriez de me raconter ce qui vous tient au cœur, les questions qui vous troublent, les problèmes qui vous intéressent… je suis sûr que je ne vous comprendrais pas.

Que pouvais-je répondre ? Du bout de ma canne je grattais le sable…

— Voyez-vous, reprit-il, ici nous avons un peu perdu le contact. Mais non, mais non ! ne protestez donc pas ; c’est inutile. Le baron est sourd comme une calebasse ; mais il est si coquet qu’il tient surtout à ne pas le paraître ; il feint d’entendre plutôt que de faire hausser la voix. Pour moi, quant aux idées du jour, je me fais l’effet d’être tout aussi sourd que lui ; et du reste je ne m’en plains pas. Je ne fais même pas grand effort pour entendre. À fréquenter Massillon et Bossuet, j’ai fini par croire que les problèmes qui tourmentaient ces grands esprits sont tout aussi beaux et importants que ceux qui passionnaient ma jeunesse… problèmes que ces grands esprits n’auraient pas pu comprendre sans doute…