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ISABELLE

— L’abbé Santal vous a-t-il dit que mon beau-frère est un peu… ? Il n’acheva pas, mais se toucha le front de l’index.

Je fus trop interloqué pour pouvoir trouver rien à répondre. Il continua :

— Oui, le baron de Saint-Auréol, mon beau-frère ; l’abbé ne vous l’a peut-être pas dit plus qu’à moi… mais je sais néanmoins qu’il le pense ; et je le pense aussi… Et de moi, l’abbé ne vous a pas dit que j’étais un peu… ?

— Oh ! Monsieur Floche, comment pouvez-vous croire ?…

— Mais, mon jeune ami, dit-il en me tapant familièrement sur la main, je trouverais cela tout naturel. Que voulez-vous ? nous avons pris ici des habitudes, à nous enfermer loin du monde, un peu… en dehors de la circulation. Rien n’apporte ici de… diversion ; comment dirais-je ? oui. Vous êtes bien aimable d’être venu nous voir — et comme j’essayais un geste : — je le répète : bien aimable, et je le récrirai ce soir à mon excellent ami Desnos ;