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ISABELLE

s’arrêta derrière Casimir, et comme celui-ci vidait son bol : — Allons ! Allons, jeune homme, Avenzoar nous attend !

L’enfant se leva ; tous deux sortirent.

Sitôt que le déjeuner fut achevé. Monsieur Floche me fit signe.

— Venez avec moi dans le jardin, mon jeune hôte, et me donnez des nouvelles du Paris penseur.

Le langage de Monsieur Floche fleurissait dès l’aube. Sans trop écouter mes réponses, il me questionna sur Gaston Boissier son ami, et sur plusieurs autres savants que je pouvais avoir eus pour maîtres et avec qui il correspondait encore de loin en loin ; il s’informa de mes goûts, de mes études… Je ne lui parlai naturellement pas de mes projets littéraires et ne laissai voir de moi que le sorbonnien ; puis il entreprit l’histoire de la Quartfourche, dont il n’avait à peu près pas bougé depuis près de quinze ans, l’histoire du parc, du château ; il