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ISABELLE

sur le devant de la maison comme celles du grand couloir qui devaient sans doute jouir d’une vue plus étendue ; mon regard était aussi tôt arrêté par des arbres ; au-dessus d’eux, à peine refait-il la place d’un peu de ciel où le croissant venait d’apparaître, recouvert par les nuages presque aussitôt. Il avait plu de nouveau ; les branches larmoyaient encore…

— Voici qui n’invite guère à la fête, pensai-je, en refermant fenêtre et volets. Cette minute de contemplation m’avait transi, et l’âme encore plus que la chair ; je rabattis les bûches, ranimai le feu, et fus heureux de trouver dans mon lit une cruche d’eau chaude, que sans doute l’attentionnée Mademoiselle Verdure y avait glissée.

Au bout d’un instant je m’avisai que j’avais oublie de mettre à la porte mes chaussures. Je me relevai et sortis un instant dans le couloir ; à l’autre extrémité de la maison, je vis passer Mademoiselle Verdure. Sa chambre était au-dessus de la mienne, comme me l’in-