Page:Gide - Isabelle.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
ISABELLE

Ma chambre était au premier étage, presque à l’extrémité d’un couloir.

— C’est ici, dit l’abbé en ouvrant la porte d’une pièce spacieuse, qu’illuminait un grand brasier. — Dieu me pardonne ! on vous a fait du feu !… Vous vous en seriez peut-être bien passé… Il est vrai que les nuits de ce pays sont humides, et la saison, cette année, est anormalement pluvieuse…

Il s’était approché du foyer vers lequel il tendit ses larges paumes tout en écartant le visage, comme un dévot qui repousse la tentation. Il semblait disposé à causer plutôt qu’à me laisser dormir.

— Oui, commença-t-il, en avisant ma malle et mon sac de nuit, — Gratien vous a monté vos colis.

— Gratien, c’est le cocher qui m’a conduit ? demandai-je.

— Et c’est aussi le jardinier ; car ses fonctions de cocher ne l’occupent guère.