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ISABELLE

Il faisait trop sombre pour que je pusse rien distinguer de la façade du château ; la voiture me déposa devant un perron de trois marches, que je gravis, un peu ébloui par le flambeau qu’une femme sans âge, sans grâce, épaisse et médiocrement vêtue tenait à la main et dont elle rabattait vers moi la lumière. Elle me fit un salut un peu sec. Je m’inclinai devant elle, incertain…

— Madame Floche, sans doute ?…

— Mademoiselle Verdure simplement. Monsieur et Madame Floche sont couchés. Ils vous prient d’excuser s’ils ne sont pas là pour vous recevoir ; mais on dîne de bonne heure ici.

— Vous-même, Mademoiselle, je vous aurai fait veiller bien tard.

— Oh ! moi, j’y suis faite, dit-elle sans se retourner.

Elle m’avait précédé dans le vestibule. — Vous serez peut-être content de prendre quelque chose ?