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ISABELLE

mais elle le levait pour le reposer sur sa tête, rejeté en arrière et laissant découvert son front ; puis elle commença de ranger ses morceaux de crêpe comme si elle s’apprêtait à partir. Je me baissai, ramassai à ses pieds le ruban vert, le lui tendis.

— Qu’en ferais-je, à présent ? dit-elle sans le prendre. Vous voyez que je suis en deuil.

Aussitôt je l’assurai de la tristesse avec laquelle j’avais appris la mort de Monsieur et Madame Floche, puis enfin celle du baron ; et comme elle s’étonnait que j’eusse connu ses parents, je lui laissai savoir que j’avais vécu auprès d’eux douze jours du dernier octobre.

— Alors pourquoi tout à l’heure avez-vous feint de ne savoir où vous étiez ? repartit-elle brusquement.

— Je ne savais comment vous aborder. Puis, sans trop me découvrir encore, je commençai de lui raconter quelle passionnée curiosité m’avait retenu de jour en jour à la Quartfourche dans l’espoir de la rencontrer