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ISABELLE

profite. Il lui faudra bien finir par mettre les pouces ; quand on aura déjà enlevé la moitié des arbres…

— Comment se trouve-t-il quelqu’un pour les lui acheter, si elle n’a pas le droit de les vendre ?

— Ah ! vous êtes jeune encore. Quand on vend à vil prix, on trouve toujours acquéreur.

— Le moindre huissier peut empêcher cela.

— L’huissier s’entend avec l’homme d’affaires des créanciers, qui s’est installé là-bas et — il se pencha vers mon oreille — qui couche avec elle, puisqu’il vous plaît de tout savoir.

— Les livres et les papiers de Monsieur Floche ? demandai-je, sans paraître ému par sa dernière phrase.

— Le mobilier du château et la bibliothèque feront l’effet d’une vente prochaine ; ou pour parler mieux : d’une saisie. Là-bas, personne heureusement ne se doute de la