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ISABELLE

— Loly ! Loly ! Vous êtes ce que je laisse ici de meilleur.

Mademoiselle Verdure la pressait entre ses bras :

— Ah ! pauvrette ! comme elle est trempée !

— Mon manteau seulement… ce n’est rien. Laisse-moi partir vite.

— Prends un parapluie au moins.

— Il ne pleut plus.

— La lanterne.

— Qu’est-ce que j’en ferais ? La voiture est tout près. Adieu.

— Allons ! Adieu, ma pauvre enfant ! Que Dieu te… le reste se perdit dans un sanglot. Mademoiselle Verdure resta quelques instants penchée dans la nuit, et une bouffée d’air humide monta du dehors dans la cage de l’escalier ; puis, sur la porte refermée, je l’entendis pousser les verrous…

Je ne pouvais passer devant Mademoiselle Verdure. Gratien emportait chaque soir la clef de la porte de la cuisine. Une autre