Page:Gide - Isabelle.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
ISABELLE

cement sa nièce, et, s’appuyant sur les deux bras de son fauteuil, se leva. Mademoiselle de Saint-Auréol se leva pareillement, et tandis que sa tante se dirigeait vers le secrétaire d’où Casimir, avant-hier, avait sorti le médaillon, elle fit quelques pas dans le même sens, s’arrêta devant une console qui supportait un grand miroir et, pendant que la vieille fouillait dans un tiroir, s’avisant à son reflet du ruban émeraude qu’elle portait autour du cou, elle le détacha prestement, le roula autour de son doigt… Avant que Madame Floche ne se fût retournée, le ruban vif avait disparu, Isabelle avait pris une attitude méditative, les mains retombées et croisées devant elle, le regard perdu…

La pauvre vieille Floche tenait encore d’une main son trousseau de clefs, de l’autre la maigre liasse qu’elle avait été quérir dans le tiroir ; elle allait se rasseoir dans son fauteuil, quand la porte, en face de celle où j’étais posté, s’ouvrit brusquement toute grande — et je faillis