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ISABELLE

— De l’indulgence à la complaisance il n’y a qu’un pas.

— Lui du moins ne l’eût pas condamnée comme vous faites.

— D’abord, ça vous n’en savez rien. Puis Celui qui est sans péché peut se permettre pour le péché d’autrui plus d’indulgence que celui dont… je veux dire que nous autres pécheurs nous n’avons pas à chercher plus ou moins d’excuse au péché, mais tout simplement à nous en détourner avec horreur.

— Après l’avoir bien reniflé comme vous avez fait cette lettre.

— Vous êtes un impertinent. — Et quittant l’allée brusquement, il partit à pas précipités par un petit chemin de traverse, jetant encore à la manière des Parthes des phrases acérées où je ne distinguais que les mots : enseignement moderne… sorbonnard… socinien !…

Quand nous nous retrouvâmes au dîner, il gardait un air renfrogné, mais en sortant