Page:Gide - Isabelle.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
ISABELLE

le bien de ses maîtres ne croit devoir reculer devant rien.

— Comment ne l’a-t-on pas arrêté ?

— Personne n’avait intérêt à le poursuivre, et les deux familles de Gonfreville et de Saint-Auréol craignaient également le bruit autour de cette fâcheuse histoire ; car, quelques mois après, Mademoiselle de Saint-Auréol mettait au monde un malheureux enfant. On attribue l’infirmité de Casimir aux soins que sa mère avait pris pour dissimuler sa grossesse ; mais Dieu nous enseigne que c’est souvent sur les enfants que retombe le châtiment des pères. Venez avec moi jusqu’au pavillon ; je suis curieux de voir l’endroit où vous avez trouvé la lettre.

Le ciel s’était éclairci ; nous nous acheminâmes ensemble.

Tout alla fort bien à l’aller ; l’abbé m’avait pris le bras : nous marchions d’un même pas et causions sans heurts. Mais au retour tout