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ISABELLE

L’abbé m’apprit alors que le fils aîné des Gonfreville, dont la propriété touchait à celle des Saint-Auréol, avait été retrouvé sans vie au pied d’une barrière qu’apparemment il s’apprêtait à franchir, lorsqu’un mouvement maladroit avait fait partir son fusil. Pourtant, dans le canon du fusil ne se trouvait pas de cartouche. Aucun renseignement ne put être donné par personne ; le jeune homme était sorti seul et personne ne l’avait vu ; mais, le lendemain, un chien de la Quartfourche fut surpris près du pavillon léchant une flaque de sang.

— Je n’étais pas encore à la Quartfourche, continua-t-il, mais, d’après les renseignements que j’ai pu recueillir, il me semble avéré que le crime a été commis par Gratien, qui sans doute avait surpris les relations de sa maîtresse avec le vicomte, et peut-être avait éventé son projet de fuite (projet que j’ignorais moi-même avant d’avoir lu cette lettre) ; c’est un vieux serviteur buté, butor même au besoin, qui pour défendre