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ISABELLE

lecture ; lui, restait appuyé contre moi ; je le sentais m’écouter de tout son corps.

Mais ce matin-là l’averse me surprit si brusque et si violente que je ne pus songer à rentrer au château ; je courus m’abriter au plus proche ; c’était ce pavillon abandonné que vous avez pu voir à l’autre extrémité du parc, près de la grille ; il était à présent délabré : pourtant une première salle assez vaste restait élégamment lambrissée comme le salon d’un pavillon de plaisance ; mais les boiseries vermoulues crevaient au moindre choc…

Quand j’entrai, poussant la porte mal close, quelques chauves-souris tournoyèrent, puis s’élancèrent au-dehors par la fenêtre dévitrée. J’avais cru l’averse passagère, mais, tandis que je patientais, le ciel acheva de s’assombrir. Me voici bloqué pour longtemps ! il était dix heures et demie ; on ne déjeunait qu’à midi. J’attendrai jusqu’au premier coup de cloche, que l’on entend d’ici certainement, pensai-je. J’avais sur moi de quoi écrire et, comme ma correspon-