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ISABELLE

me sens devant lui plus contraint ; je n’ose plus l’interroger et du reste je connais à présent tout ce qu’il aurait à me dire : rien de plus que le jour où il me montrait le portrait.

Si pourtant ; l’enfant innocemment m’avait appris le prénom de sa mère. Sans doute j’étais fou de m’exalter ainsi sur une flatteuse image vraisemblablement vieille de plus de quinze ans ; et si même Isabelle de Saint-Auréol, durant mon séjour à la Quartfourche, risquait une de ces fugitives apparitions dont je savais à présent qu’elle était coutumière, sans doute je ne pourrais, n’oserais me trouver sur son passage. N’importe ! ma pensée soudain tout occupée d’elle échappait à l’ennui ; ces derniers jours avaient fui d’une fuite ailée et je m’étonnais que s’achevât déjà cette semaine. Il n’avait pas été question que je restasse plus longtemps chez les Floche et mon travail ne m’offrait plus aucune raison de m’attarder, mais, ce dernier matin encore, je parcourais le parc que l’automne rendait plus vaste et sonore, appelant