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Pourquoi M. Bienstock ne nous donne-t-il que la première de ces lettres et point celle du 21 août 1855 ? Dostoïevsky y fait allusion à une lettre d’octobre précédent, qui n’a pas encore été retrouvée.

Lorsque, dans ma lettre d’octobre de l’an précédent, je te faisais entendre les mêmes plaintes (au sujet du silence des autres), tu m’as répondu qu’il t’avait été très pénible de les lire. Mon cher Mischa ! Pour l’amour de Dieu, ne m’en veuille pas ! Songe que je suis tout seul comme un caillou rejeté, que mon caractère a toujours été sombre, maladif, émotif… Je suis le premier convaincu que j’ai tort.

Dostoïevsky rentra à Pétersbourg le 29 novembre 1859. À Semipalatinsk, il s’était marié. Il avait épousé la veuve d’un forçat, déjà mère d’un grand enfant, nature fort peu intéressante, semble-t-il, que Dostoïevsky adopta et prit à sa charge. Il avait la manie de se charger. « Il était peu changé », nous dit Milioukof, son ami, qui ajoute : « Son regard est plus hardi que naguère, et son visage n’a rien perdu de son expression énergique. »

En 1861, il fit paraître : Humiliés et offensés. En 1861-62, les Souvenirs de la maison des morts. Crime et châtiment, le premier de ses grands romans, ne parut qu’en 1866.

Dans les années 1863, 1864 et 1865, il s’occupa activement d’une revue. Une de ses lettres nous parle de ces années intermédiaires, si élo-