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pas. Écrivez-moi seulement, et envoyez-moi des livres ; je vous écrirai bientôt lesquels ; on doit bien pouvoir lire là-bas.

(Cela était un pieux mensonge pour consoler le frère, ajoute le chroniqueur.)

Dès que j’en serai sorti, je commencerai à écrire ; j’ai beaucoup vécu durant ces mois-ci ; et dans ce temps que voici devant moi, que ne vais-je pas voir et éprouver ! La matière ne me manquera pas pour écrire ensuite.

Durant les quatre années de Sibérie qui suivirent, il ne fut pas permis à Dostoïevsky d’écrire aux siens ; du moins le volume de correspondance que nous avons ne nous donne-t-il aucune lettre de cette époque et les Documents (Materialen) d’Orest Müller, parus en 1883, ne nous en signalent aucune ; mais depuis la publication de ces Documents, de nombreuses lettres de Dostoïevsky ont été livrées à la publicité ; d’autres se retrouveront sans doute encore.

D’après Müller, Dostoïevsky sortit du bagne le 2 mars 1854 ; d’après les documents officiels, il en sortit le 23 janvier.

Les archives font mention de dix-neuf lettres de Theodor Dostoïevsky, du 16 mars 1854 au 11 septembre 1856, à son frère, à des parents, à des amis, durant les années de service militaire à Semipalatinsk, où il acheva de purger sa peine. La traduction de M. Bienstock ne donne