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Et soyez gentil avec lui… mais… n’ayez pas trop l’air… et… vous savez…

— Je sais, prince, je sais, c’est-à-dire, je sais que j’aurai bien du mal à exécuter ce programme ; car il faut pour cela avoir un cœur comme le vôtre. D’ailleurs moi-même, je suis vexé à présent, il le prend parfois de trop haut avec moi ; il m’embrasse en sanglotant et puis tout d’un coup il se met à m’humilier, il m’accable de railleries méprisantes ; allons, je prendrai le portefeuille et j’étalerai exprès le pan de ma redingote sous les yeux du général, hé hé ! Au revoir, prince, car évidemment je vous dérange, je vous distrais de sentiments très intéressants, si je puis ainsi parler…

— Mais pour l’amour de Dieu, silence comme par le passé !

— À la sourdine, à la sourdine !

Quoique l’affaire fût finie, le prince resta plus silencieux qu’il ne l’avait été auparavant. Il attendit impatiemment l’entrevue qu’il devait avoir le lendemain avec le général.