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II[1]

— En quoi donc puis-je vous servir, très estimé Prince, car vous m’avez maintenant… appelé ? demanda Lebedeff après un silence.

Le prince ne répondit aussi qu’au bout d’une minute :

— Eh bien ! voilà, je voulais vous parler du général, et… de ce vol dont vous avez été victime

— Comment ? Quel vol ?

— Allons ! on dirait que vous ne comprenez pas. Ah ! mon Dieu, Loukian Timoféitch, quelle est cette rage de toujours jouer la comédie ? L’argent, l’argent, les quatre cents roubles que vous avez perdus l’autre jour, dans un portefeuille, et dont vous êtes venu ici me parler le matin, avant d’aller à Pétersbourg, — avez-vous compris, à la fin ?

— Ah ! il s’agit de ces quatre cents roubles, dit d’une voix trainante Lebedeff, comme si la lumière venait de se faire dans son esprit. Je vous remercie, prince, de votre sincère intérêt ; il est très flatteur pour moi, mais… je les ai retrouvés, il y a même déjà longtemps.

— Vous les avez retrouvés ! Ah ! Dieu soit loué.

  1. L’Idiot, II, pp. 228 et suiv.