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had not been foolish, we should be so. Si d’autres n’avaient pas été fous, c’est nous qui le serions », ou bien encore : « C’est pour nous permettre de ne plus être fous que d’autres d’abord ont dû l’être. »

Dans la demi-folie de Kiriloff, entre l’idée de sacrifice : « Je commencerai ; j’ouvrirai la porte. »

S’il est nécessaire que Kiriloff soit malade pour avoir de telles idées, — des idées d’ailleurs que Dostoïevsky n’approuve pas toutes, puisque ce sont des idées d’insubordination — ses idées contiennent néanmoins une part de vérité, et s’il est nécessaire que Kiriloff soit malade pour les avoir, c’est aussi bien pour que nous, nous puissions les avoir ensuite, sans être malades.

Celui-là seul qui est le premier, dit encore Kiriloff, doit absolument se tuer ; sans cela, qui donc commencera et prouvera ? C’est moi qui me tuerai absolument pour commencer et prouver. Je ne suis encore Dieu que par force, et je suis malheureux, car je suis obligé d’affirmer ma liberté. Tous sont malheureux parce que tous ont peur d’affirmer leur liberté. Si l’homme jusqu’à présent a été si malheureux et si pauvre, c’est parce qu’il n’osait pas se montrer libre dans la plus haute acception du mot, et qu’il se contentait d’une insubordination d’écolier.

Mais je manifesterai mon indépendance. Je suis tenu de croire que je ne crois pas. Je commencerai, je finirai et j’ouvrirai la porte. Et je sauverai.

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