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I

On s’attend à trouver un dieu ; on touche un homme — malade, pauvre, peinant sans cesse et singulièrement dépourvu de cette pseudo-qualité qu’il reprochait tant au Français : l’éloquence. Pour parler d’un livre aussi nu, je tâcherai d’écarter de moi-même tout autre souci que celui de la probité. S’il en est qui espèrent trouver ici art, littérature ou quelque amusement d’esprit, je leur dis aussitôt qu’ils feront mieux d’abandonner cette lecture.

Le texte de ces lettres est souvent confus, maladroit, incorrect, et nous savons gré à M. Bienstock, résignant tout souci d’élégance factice, de n’avoir point cherché à remédier à cette gaucherie si caractéristique[1].

Oui, le premier abord rebute. Hoffmann, le biographe allemand de Dostoïevsky, laisse

  1. C’est pourquoi nous nous conformerons, dans toutes nos citations, au texte de M. Bienstock, espérant que gaucheries, incorrections même — assez gênantes parfois — imitent de leur mieux celles du texte russe. Cela soit dit d’ailleurs sous toutes réserves.