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Mesdames, Messieurs,


Je viens ici faire l’apologie de l’influence.


On convient généralement qu’il y a de bonnes et de mauvaises influences. Je ne me charge pas de les distinguer. J’ai la prétention de faire l’apologie de toutes les influences.

J’estime qu’il y a de très bonnes influences qui ne paraissent pas telles aux yeux de tous.

J’estime qu’une influence n’est pas bonne ou mauvaise d’une manière absolue, mais simplement par rapport à qui la subit.

J’estime surtout qu’il y a de mauvaises natures pour qui tout est guignon, et à qui tout fait tort. D’autres au contraire pour qui tout est heureuse nourriture, qui changent les cailloux en pain : « Je dévorais, dit Gœthe, tout ce que Herder voulait bien m’enseigner. »

L’apologie de l’influencé d’abord ; l’apologie de l’influenceur ensuite ; ce seront là les deux points de notre causerie.