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Ce ne fut qu’au bout de cinq jours qu’on parvint à la faire emplir.

— Permettez, fit-il en souriant : est-ce contre ma théorie que vous me racontez cela ?

Je ne pouvais plus reculer :

— J’apporte à l’étude de la question, repris-je, mon contingent d’observations impartiales.

— Merci… Oui ; ces difficultés, tous les éleveurs les connaissent ; sur les fermes, nombreux sont les accouplements que l’on est obligé d’aider et où l’Instinct Sexuel apparaît sous la figure d’un berger.

— Eh ! comment fait-il donc dans la Nature ?

VII

— Je vous explique depuis une heure que c’est pourquoi l’élément mâle est si nombreux. Votre fameux « instinct sexuel » fait suppléer à la précision du tir l’abondance. Dans les cultures, où l’on ne garde que juste ce qu’il faut d’étalons, l’enjeu serait par trop risqué si l’homme parfois ne dirigeait les coups. Dans le cours de zootechnie de Samson, il n’y a pas moins de neuf pages consacrées uniquement à la monte des chevaux[1] ; car l’étalon, enseignait-il à ses jeunes élèves de Grignon, « se trompe facilement de route » ; et « dès qu’il est cabré, le palefrenier doit lui saisir le pénis avec la main pour le guider », etc.

Mais, ainsi que vous le disiez, la difficulté ne

  1. t. III[cap, p. 214 à 223.