— Vous voulez le chaînon qui précède ? Vous tiendrez-vous pour satisfait si quelque biologiste vient nous répondre que la cause de la surproduction des mâles est dans l’insuffisance de nourriture — après avoir préalablement prouvé… par exemple ceci : que la surabondance d’aliments tend à produire la plus grande proportion de femelles (je ne sais du reste si cela est dûment constaté[1]), mais que jamais cette surabondance d’aliments ne se trouve réalisée à l’état naturel, ou tout au moins jamais longtemps ; car, supposez cette surabondance, et que d’après cette théorie, elle amène une surproduction de femelles : ou bien un certain nombre d’entre elles courrait risque de demeurer infécondé (ce qui est contraire au premier postulat de Ward) ; ou
- ↑ Les plus intéressantes observations à ce sujet sont peut-être
celles de Fabre sur les Osmies, qui, d’après lui, disposeraient
du sexe des œufs qu’elles pondent suivant le plus ou
moins d’exiguïté du local dont elles disposent pour la larve
qui en naîtra. Qui ne sait, également, que les abeilles élèvent
à volonté des reines, des bourdons ou des travailleuses, selon
la dimension de la cellule qu’elles construisent pour l’œuf
et selon la nourriture qu’elles donnent à la larve. Le mâle
est le minus habens.
Je note également les observations de W. Kurz sur les cladocères
(rapportées par Claus). « Les mâles apparaissent en
général à l’automne ; ils peuvent aussi se montrer à toutes
les époques de l’année, toutes les fois, comme cela a été
démontré récemment, que, par suite de modifications du
milieu ambiant, les conditions biologiques deviennent « défavorables ».
Zoologie, p. 636. M. René Worms dans sa remarquable
étude sur la Sexualité dans les naissances françaises
conclut que, contrairement à une croyance très répandue,
l’excès des naissances mâles chez un peuple est un signe de
pauvreté ; que cet excès se réduit à mesure que la richesse
augmente et finit, quand le bien-être s’est généralisé, par
faire place à un excès de naissances féminines. « Il faut reconnaître,
ajoute Edmond Perrier que je cite, que cette conclusion
est absolument d’accord avec celle que j’ai moi-même
exposée… ».
Edmond Perrier,
Le Temps, 1er août 1912.