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intéressé. Permettez-moi de vous soumettre trois observations à ce sujet ; elles viennent, je crois, à l’appui de votre thèse.

I. — Il ne saurait exister aucun doute sur la nature de la faute commise par les damnés des chants XV et XVI de L’Enfer. Virgile a, en effet, esquissé une topographie du Bas-Enfer au chant XI (v. 13-66). Il a décrit le septième cercle divisé en trois vallées. Les blasphémateurs, les violents contre Dieu et contre la nature sont enfermés dans la troisième, la plus petite de ces vallées « qui marque de son sceau (la pluie de feu) et Sodome et Cahors ».

E pero lo minor giron suggella
Del segno suo e Sodoma et Caorsa

Del segno suo e Sodo(Inf. XI. 49, 50.)

Nous rencontrerons les violents contre Dieu au chant XIV de L’Enfer.

Les usuriers[1] au chant XVII. Il est donc certain que les foules des chants intermédiaires, la famiglia, la greggia du chant XV, la torma du chant XVI, constituent la population de la Sodome infernale.

II. — Je ne crois pas que Dante ait songé à se montrer courtois envers les homosexuels par égard pour son maître et guide.

Quoi qu’il en soit, la « place » de Virgile dans le Limbe, premier cercle de l’Enfer, est parfaitement déterminée grâce à l’apostrophe célèbre Onorate l’altissimo poeta, etc. (Inf. IV. 80 ss.) et par le passage moins connu où Virgile

  1. Quand on dit de quelqu’un : « Il est de Cahors », on comprend qu’il s’agit d’un usurier.
    Boccace, Commentaire à la D. C.