Page:Gide - Corydon, 1925.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155


Une lettre de Benjamin Crémieux redisant, moins explicitement, à peu près les mêmes choses, insistait particulièrement sur la non-complaisance de Dante à l’égard des invertis, et me faisait remarquer que Dante les loge au lieu le plus brûlant de l’enfer. En revanche, un correspondant italien me reproche de n’avoir pas su voir que, dans Le Purgatoire, les invertis sont logés au plus près du ciel. Je crois pourtant très volontiers, avec Benjamin Crémieux et le correspondant dont je cite plus haut la lettre érudite, que Dante « ne témoignait aucune indulgence particulière aux homosexuels », et que, s’il parle d’eux si longuement dans La Divine Comédie, c’est simplement parce que ceux-ci étaient reconnus fort nombreux à cette époque, et que l’on comptait parmi eux nombre de gens illustres.


18 janvier 1929.
Monsieur,

Vos remarques sur le traitement infligé aux invertis dans La Divine Comédie m’ont vivement