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— Un livre a paru ces dernières années, me dit-il, qui n’a pas été sans soulever quelque scandale. (Et j’avoue que moi-même je n’ai pu me défendre, en le lisant, d’un sursaut de réprobation). Peut-être le connaissez-vous ?

Corydon me tendit alors le traité : Du mariage de Léon Blum.

— Il m’amuse, lui dis-je, de vous entendre parler de réprobation à votre tour. Oui ; j’ai lu ce livre. Je le tiens pour habile ; et, partant, pour assez dangereux. Les juifs sont passés maîtres dans l’art de désagréger nos institutions les plus respectées, les plus vénérables, celles mêmes qui sont le fondement et le soutien de notre civilisation occidentale, au profit de je ne sais quelle licence et quel relâchement des mœurs, à quoi répugne heureusement notre bon sens et notre instinct de sociabilité latine. J’ai toujours pensé que c’était peut-être là le trait le plus caractéristique de leur littérature ; de leur théâtre en particulier.

— On a protesté contre ce livre, reprit-il, mais on ne l’a point réfuté.

— C’est que la protestation suffisait.