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histoire). Comme il sied, il ny en a que pour Croquignole.

Il arrive ceci de très simple : une vieille parente, que personne n’a connue, laisse en mourant 40.000 francs à Croquignole. Ah ! vraiment, il semble que son appétit ait mérité cette aubaine, tant il a faim de tout, en se mettant à table. Car pas ua seul instant il ne songe à l’avenir. Et un bon tiers du livre s’emploie à nous exposer l’exubérance quasi-rabelaisienne, l’avidité élémentaire de Croquignole ; sa faculté d’absorption garde la force et l’irraison d un torrent débordé qui charrie sans choix tout ce qui se présente sur son passage. Et comme Croquignole a bon cœur, il invite à son premier festin ses anciens compagnons de misère, le « roi des animaux », qui refuse, par apathie, Félicien, et un autre — que je ne vous ai pas présenté — Claude, un caractère tout rentré, qui a si longtemps mangé de la misère qu’il n’a plus d’estomac pour le bonheur. Et Croquignole se choisit une femme qu’il idolifie, qu’il vêt, qu’il orne, qu’il farde, qu’il couvre de tout ce qu’un luxe voyant peut offrir à sa triviale magnificence. Croquignole avec Fernande prend des allures de héros d’épopée.