faite à lui-même est une morale un peu malingre peut-être, une morale de pauvre — de pauvre qui dira au cours du livre : « Nous autres pauvres, voyez-vous, nous avons besoin d’avoir raison » — non il ne fera pas de morale à Croquignole, parce qu’il a pour Croquignole une espèce d’admiration : « Savez-vous ce que je fais en ce manient ? lui dit-il. Je suis assis en face de vous, et je viens de m’apercevoir que même votre taille est plus élevée que la mienne… J’ai l’impression que chacun de vos organes est assis en face de moi comme une personne et sait se tenir. J’ai l’impression qu’il y en a plusieurs en moi qui sont abattus. Alors je dénombre les autres et je les examine. Ils ne tiennent pas beaucoup de place. Et je me dis en vous regardant : voici la vraie surface humaine ! »
Et ne croyez pas que Croquignole soit un égoïste féroce qui conquiert son bonheur aux dépens des autres, une manière de nietzschéen cynique, comme pouvait l’être Bubu. Non, Croquignole est bon. Félicien vient de connaître un singulier trait de sa vie, qui montre que Croquignole est à l’occasion capable des sentiments les meilleurs, et c’est pour cela qu’aujourd’hui il lui parle :