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gourmande et impatiente avidité de joie que je vous ai montrée se développer, lentement d’abord, puis fougueusement chez Philippe — de ne point retrouver en Félicien cette sorte de longanimité résignée, souffrante, mais active dont son ami Lucien Jean, par sa propre figure, par sa vie, par ses écrits, lui avait enseigné la beauté.

Dès avant de nous présenter Félicien, Philippe va nous le montrer à l’œuvre et nous le connaîtrons aussitôt :

Croquignole tendait son poing vers la fenêtre :

— Vous la voyez, elle est encore fermée. Un de ces jours, je lui casserai la gueule.

Mais c’est par différence que l’on juge les hommes. Une après-midi, quelqu’un qui s’appelait Félicien eut une invention. Il descella quelque chose dans un coin ; il y eut toute une part de la fenêtre que l’on put décrocher. Lair entra, si inattendu, si pur et si différent de l’air intérieur, qu’on eût dit qu’il s’engouffrait en sifflant.

D’ailleurs, la fenêtre n’était pas brisée, on pouvait la raccrocher chaque soir. Félicien dit :

— Ce sont les grandes conquêtes. Maintenant, l’air est bien à nous. Vous voyez, Croquignole, qu’il y a mieux à faire que de briser.

Croquignole répondit :