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important dans l’œuvre de Philippe et des plus révélateurs ; mais il demanderait une étude trop longue et déborderait le cadre de cette conférence. Par contre, je vous demanderai la permission de m’arrêter un peu longuement à Croquignole.

C’est au confluent même des deux directions, des deux impulsions, de Nietzsche vers plus de joie et de vie, de Lucien Jean vers plus de justice, qu’il faut situer ce singulier livre. Croquignole semble presque l’illustration de cette pathétique rencontre.

Il suffit de lire quelques pages du livre, quelques pages au hasard, pour comprendre l’imprudence qu’il y aurait à y chercher à proprement parler un symbole ; ou du moins n’en faut-il pas réclamer d’autre que celui qui apporte toujours avec soi une peinture à la fois exacte et profonde — celle qui suit une compréhension intime de la vie. Mais tout de même lorsqu’après avoir peint, dans la petite salle étouffée de je ne sais quelle administration, Paulat, l’insignifiant « roi des animaux », Philippe campe auprès de lui Croquignole, et bien en face de Croquignole, Félicien — il m’est bien difficile de ne pas retrouver dans le premier la