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qui devait être pour Philippe, « le meilleur des amis et le plus fraternel des maîtres » (ces paroles sont de Georges Valois) :

…Relisez Bubu de Montparnasse : l’auteur écrit d’abord l’histoire d’une petite prostituée : « pauvre petite sainte ! ». Puis il dresse la figure du souteneur, le mauvais esprit de la fille Berthe. — Et parce que Bubu est fort, « petit, mais costaud », Philippe s’éprend de cet homme fort, en fait la figure centrale, qui domine le livre et l’écrase. Le livre oscille entre les deux sentiments. Mais les admirateurs n’hésitent pas : ce sera un livre nietzschéen, il s’appellera Bubu, et Philippe sera a l’auteur de Bubu[1]

Donc dès Bubu, c’est-à-dire dès avant la rencontre de Nietzsche, nous assisterions chez Philippe à la rencontre, au conflit entre la sentimentalité et ce que, pour plus de simplicité, nous appellerons tout de même le nietzschéisme — et au triomphe de celui-ci. Nous allons bientôt assister à un autre conflit plus subtil à la fois et plus grave.

Je ne vous parlerai pas de Marie Donadieu, non que je ne considère ce livre comme très

  1. Parmi les hommes, p. 314.