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qu’il me tardait d’y arriver. Philippe, dès Tannée 99, recherche et subit à la fois une influence qui s’exercera à l’encontre de toutes les autres. C’est celle de son ami Lucien Jean. Toutes les autres influences n’ont été proprement que des encouragements à soi-même, des renforcements d’énergie : l’influence unique de Lucien Jean fut modératrice. Laissons Philippe nous présenter lui-même la très belle figure de celui qui méritait si bien d’être son ami.

C’est d’abord en janvier 98 :

« Il y a (dans le bureau voisin du sien) un pauvre homme, qui est souffrant, qui est marié à vingt-sept ans et que j’aime pour la pureté de sa vie et la belle clarté de son âme. Je l’en parlerai quelque jour, il deviendra mon ami je crois ; il est très fin, peut-être écrira-t-il de belles choses ; j’en aurais un grand plaisir. »

Et plus d’un an après :

« J’ai un autre ami ici, qui travaille dans le bureau voisin, avec une âme bleue et un beau cœur humain… Quand tu viendras à Paris et que tu le verras, tu sentiras combien il est beau, et lorsque tu connaîtras sa vie auprès de sa femme et de ses