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maux auront servi à nous faire comprendre ceux des autres. Ma vie à moi n’est pas heureuse, mais elle contient une force de résignation, sans amertume comme sans envie. Et puis, au fond, mes tristesses me donnent une espèce de bonheur digne et noir que je voudrais bien mettre dans mes livres. Elle me donne aussi un grand désir de faire le bien. »

Cette dernière lettre est de mars 1899. Ce n’est qu’en 1900 qu’il découvrira Nietzsche. Il faut bien tout de même qu’il y ait dans Dostoïevsky autre chose que cette simple religion de la souffrance qu’un académicien nous y montrait, car ces deux influences, celle de Nietzsche et celle de Dostoïevsky, poussent Philippe exactement dans le même sens — comme, plus tard nous le verrons, l’influence aussi de Claudel — vers la joie. Écoutons Philippe. Il écrit à son ami Vandeputte le dernier jour de Tannée 1900 :

« Je suis obligé de récrire tout bas. Je regarde mon vieux Michel-Ange et mon vieux Dante avec des folies dans les nerfs et dans la volonté. Car j’ai lu Nietzsche, à mon ami, et c’est un remède à mes maux, un grand cordial gui me fait fort. J’ai