Page:Gide - Charles-Louis Philippe.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée

bien amener enfin à la parole ce qui, dans l’homme, n’a pas encore parlé. Et j’estime que c’est bien à ce cri que doit aboutir la culture, et qu’elle ne trouve son parachèvement qu’en se renonçant et qu’en s’immolant elle-même.

Il faut pourtant attendre juillet 1898 pour l’entendre dire : « Il se produit des changements dans mon caractère. Je deviens homme. Je songe souvent à l’avenir. C’est pour cela que je souffre tant de ne pas connaître une femme qui m’aime. Mais, d’un autre côté, je deviens plus ferme et plus volontaire. Je deviens plus carré. Je dis m… en face aux gens qui me déplaisent. J’insiste sur ce côté de mon caractère. Il ne faut pas croire que je suis une bonne petite pâte à tout faire. Je suis un sale oiseau brutal et méchant. »

Cette conclusion paradoxale ne saurait nous effrayer, car nous lisons sitôt après :

« Nous avons dû changer beaucoup depuis que nous nous sommes vus. Il me semble que nous sommes moins jeunes, mais que nous sommes plus forts et meilleurs. Nous avons eu bien des peines, en somme, pour arriver à ce jour. Mais je pense que nous sommes bons l’un et ! autre, et que ? nos