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annonçaient déjà le Christ et prêchaient déjà selon sa doctrine. »

Le curieux, c’est que c’est par la culture même qu’il atteint à ce sentiment-là. Du moins, qu’il prend conscience de la légitimité de ce sentiment. Savez-vous ce qui s’est passé ? Philippe a rencontré Dostoïevsky. « J’ai lu l’Idiot de Dostoïevsky, Voici l’œuvre d’un barbare », écrit-il en décembre 1897.

Il écrit alors Bubu de Montparnasse.

Messieurs, ne nous laissons pas duper par les mots. Nous savons fort bien qu’il y a une barbarie sinistre, accompagnée de vandalisme, de malhonnêteté, de sabotage, et nous savons fort bien que ce n’est pas de celle-là qu’il s’agit ici. Car, tout comme Philippe, et de la même manière que Philippe, et avec autant de difficulté que Philippe, son frère Dostoïevsky était dévore d’un impérieux, d’un ardent et soucieux désir de culture. Et, non plus que Dostoïevsky, lorsque Philippe s’écrie : « Le temps de la douceur et du dilettantisme est passé. Maintenant il faut des barbares » vous entendez bien qu’il n’entend ni brûler le Louvre, ni étouffer les voix du passé, mais