Page:Gide - Charles-Louis Philippe.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée

vie intérieure plus intense, et c’est notre caractère qui nous dictera nos livres^, et c’est notre émotion qui les gonflera, les fera solides et bons, parce qu’ils seront humains, éternellement. Et puis, X… est trop cultivé. Il ne faut pas connaître trop de choses, ou bien alors il faut avoir un esprit diablement puissant. Anatole France est délicieux, il sait tout, il exprime tout, il est érudit même : c’est à cause de cela qu’il appartient à une race d écrivains qui finit, c’est par là qu’il est la conclusion de la littérature du XIXe siècle. Maintenant, il faut des barbares. Il faut qu’on ait vécu très près de Dieu sans lavoir étudié dans les livres, il faut qu’on ait une vision de la vie naturelle, que l’on ait de la force, de la rage même. Le temps de la douceur et du dilettantisme est passé. C’est aujourd’hui le commencement du temps de la passion. »

Et il conclut, car, s’il est orgueilleux, il n’a aucune suffisance :

« J’ignore si, l’un et l’autre, nous serons de grands écrivains, mais ce que je sais bien, c’est que nous appartenons à la race qui va naître, c’est que nous serons au moins Fun des petits prophètes très nombreux qui, peu de temps avant sa venue,