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peine elles ont été faites ? À quoi bon ces indiscrétions ? et ainsi de suite.

Plus d’un jeune après avoir lu les lettres de Philippe, se sentira moins perdu ; que dis-je ! plus d’un trouvera dans cette correspondance un conseil, un encouragement définitif.

Car brusquement, à travers les plaintes, dominant ensuite les plaintes, un accent tout nouveau éclate. Écoutons ceci : le vrai Philippe va se révéler. Non point qu’il ne fût déjà très personnel et très sincère dans l’avidité passionnée de ses lectures ; mais le voici revenant d’une visite à un ami que des conditions matérielles plus aisées ont aidé à atteindre un degré de culture auquel Philippe n’a pu prétendre… Va-t-il se plaindre, pleurer encore ? Nullement ; il ne se révolte pas non plus. Mais, de toute sa force, dont il semble avoir pris une brusque conscience, il s’oppose. « En m’interrogeant sans parti pris, dit-il, je me trouvais plus beau que lui devant la vie. Loin de moi la pensée de faire mon éloge, je connais très bien les qualités qui me manquent, et il y en a une bonne part que je n acquerrai jamais. Mais je me trouvais supérieure lui, même devant l’art… Toi et moi, nous sommes plus simples, nous avons une