Page:Gide - Charles-Louis Philippe.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

attache ! J’en mange tout le jour par avant-goût et le soir je m y mets avec du feu dans la poitrine. C’est un petit coin, le seul petit coin qui me soit resté. »

Le travail n’est d’abord pour lui qu’un étroit refuge, mais que la vaillance de Philippe va savoir élargir de plus en plus. Ne semble-t-il pas entendre parler Dostoïevsky lorsque Philippe dit :

« Je me dégoûte chaque jour plus de ce que j’ai fait jusqu’ici. La forme n%en déplaît jusqu’à l’écœurement ; elle est maladroite et lourde sans profondeur. Il suffit que je la travaille pour quelle soit plus mauvaise et plus contournée encore. Mais, cré Dieu ! que je vais m y appliquer ! C’est d’ailleurs un tel plaisir, travailler ses phrases et ses idées, que le soir, quand je suis dans ma chambre à le faire, j atteins à de grands bonheurs. »

Il écrit alors la Mère et l’Enfant.

Puis Philippe a trouvé enfin dans ses lectures plus et mieux que de l’instruction. Pourtant, ses vrais amis, ses frères, il ne les a pas encore décou-