sensitif à l’excès, blotti frileusement avec sa sœur jumelle, auprès de ses parents. Ceux-ci ne sont pourtant plus dans la misère, et, comme le petit Louis est, lui aussi, « un enfant plein d’orgueil », et qu’au besoin l’orgueil de ses parents suffirait, on songe à lui donner l’instruction qu’il mérite.
« Mon père est un brave homme qui a travaillé son métier toute sa vie, plein de courage, et enthousiaste aussi. Il a su amasser quelque toute petite aisance qui lui permet de vivre en notre province et de travailler seulement pour se distraire. »
L’enfant a, du reste, un furieux appétit d’instruction. Tout petit, il joue à « aller à l’école », et un beau jour, de son chef, il se décide à y aller pour de bon. On le renvoie parce qu’il est trop petit. Il s’obstine. De cette obstination pathétique — pathétique parce que toujours contrariée, contrecarrée — il ne se départira jamais.
Il est petit, timide, gauche ; il n’a aucun des avantages physiques qui pourraient suppléer les avantages de la fortune pour lui permettre de réussir. Et, comme sa nature est extraordinairement tendre et affectueuse, on peut dire vraiment qu’il est miraculeusement doué pour souffrir.